Eco-textile #4 : Comment se répartissent les impacts environnementaux sur le cycle de vie d’un produit textile ?

Eco-textile #4 : Comment se répartissent les impacts environnementaux sur le cycle de vie d’un produit textile ?

Identifier les « hotspots » sur lesquels intervenir en priorité

Cet article, rédigé par Clara Barry, s’inscrit dans la chronique « Eco-textile » proposée par le Pôle : elle développe une réflexion autour de la mise en place d’une démarche d’éco-conception dans le textile.

Il y a quelques semaines, je voulais savoir quelle étape du cycle de vie d’un vêtement était la plus impactante selon vous (ici). 47% d’entre vous m’ont répondu l’usage et l’entretien, le reste des avis est partagé entre la production des matières premières et la fabrication.
Vous vous en doutez, la réponse n’est pas si simple !

Chaque étape du cycle de vie impacte l’environnement sur plusieurs indicateurs : changement climatique, acidification de l’air, écotoxicité aquatique, consommation d’énergie primaire… Il en existe une multitude. Par conséquent, dresser le bilan environnemental d’un produit nécessite d’avoir une vision multicritère.

Quels sont les indicateurs d’impact les plus pertinents ?
Selon le produit, certains indicateurs sont plus pertinents que d’autres. Le choix se fait en fonction des enjeux environnementaux liés au produit. Pour les vêtements, selon le référentiel de l’ADEME pour l’affichage environnemental textile, les principaux enjeux environnementaux concernent l’impact sur le réchauffement climatique et sur l’eau sous l’angle de sa consommation et de l’atteinte à sa qualité (pollution). L’épuisement des ressources naturelles non renouvelables et la consommation d’énergie viennent en second lieu.
Les indicateurs associés retenus pour l’affichage sont donc les émissions de gaz à effet de serre, l’eutrophisation de l’eau et la consommation d’eau mais il en existe d’autres qui font tout aussi référence à ces enjeux.

Quelles sont les étapes les plus contributrices aux impacts ?
Selon des analyses de cycle de vie effectuées ces dernières années par des experts, deux étapes sont essentiellement responsables du lourd bilan environnemental d’un textile : la production et l’utilisation.
Dans le processus de production du vêtement, si la matière choisie est le coton conventionnel, sa culture et l’utilisation d’herbicides et d’insecticides associée contribuent significativement aux indicateurs de consommation d’eau et d’écotoxicité aquatique et terrestre.
D’autres part, l’ennoblissement contribue à une part conséquente des impacts sur l’eutrophisation des eaux et la consommation d’électricité pour la filature et le tissage sur la déplétion des ressources non renouvelables.

L’étape d’utilisation d’un textile consomme énormément d’électricité et de lessive pour le lavage, le repassage et le séchage. Les indicateurs d’impact concernés sont : consommation d’énergie primaire, réchauffement climatique, toxicité humaine, eutrophisation des eaux et déchets solides liés à la lessive et son emballage.
La contribution de l’étape de fin de vie et des transports est bien plus faible.

Comment différents paramètres influent les résultats ?
Beaucoup d’ACV d’experts ayant été réalisées étudient l’influence que peut avoir un changement de process, de matière ou d’hypothèses sur les résultats de l’analyse. Ces études sont spécifiques à chaque situation, il est donc difficile de généraliser les résultats.
Selon un rapport de la commission européenne, dans la phase de production, le choix de la matière première a une grande incidence sur le bilan environnemental (Source). La taille du fil (Source) et le choix du procédé de teinture (Source) possèdent aussi une certaine influence.
Pour l’étape d’usage, les fréquences d’utilisation et d’entretien influent significativement les résultats sur la majorité des indicateurs.
Le type de lave-linge, la charge et la température de lavage mais aussi l’utilisation du sèche-linge et du fer à repasser sont des paramètres faisant varier les résultats.
Concernant la fin de vie, le choix d’une filière de réutilisation permet d’augmenter la durée de vie du produit, ce qui limite ses impacts en globalité.

Les impacts environnementaux se concentrent donc principalement sur l’étape de production (de la fibre au vêtement) et de l’utilisation (lavage, repassage). Plusieurs paramètres influencent les résultats, sur lesquels nous pouvons agir pour diminuer les impacts environnementaux en appliquant une démarche d’éco-conception. Certaines stratégies peuvent sembler simples à trouver et facile à adopter, comme choisir une matière à faibles impacts. D’autres nécessitent plus de créativité et d’engagement, comme pour agir sur les impacts liés à l’étape d’utilisation et d’entretien par exemple. La Loi économie circulaire votée en 2020 propose des mesures pour informer le consommateur de l’empreinte environnementale des produits textiles achetés, afin de les responsabiliser. Parmi elles, l’affichage environnemental textile volontaire consiste en une note donnée à chaque vêtement. Le calcul des notes est réalisé à partir d’analyses de cycle de vie simplifiée : Plus les impacts environnementaux induits par le produit sont faibles, meilleure est la note.

Répondez au sondage !
Pensez-vous que l’affichage environnemental textile est un outil pertinent pour communiquer sur les impacts environnementaux des produits textiles ?

Clara Barry
Ingénieure en éco-conception, animatrice du projet Eco-textile

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Marion Gallet

Assistante de communication