économie circulaire

Éco-conception et économie circulaire

Une complémentarité indispensable et de nouveaux défis !

Ces dernières années, l’économie circulaire s’est imposée comme un concept novateur, séduisant citoyens comme professionnels, tout en remettant en question des concepts plus anciens comme l’éco-conception. Pourtant, tous se basent sur un même constat connu depuis les années 70 : les ressources disponibles sur terre sont limitées. L’économie circulaire n’est donc pas révolutionnaire bien qu’elle mette les enjeux environnementaux au cœur des questions économiques. La profusion de concepts et méthodes sur les enjeux environnementaux participe à leur méconnaissance et leur non mise en œuvre. C’est pourquoi, l’articulation entre l’éco-conception et l’économie circulaire doit être mieux appréhendée par les acteurs économiques.

 

Des parallèles indiscutables entre l’approche par le cycle de vie de l’éco-conception et les piliers de l’économie circulaire

 

L’économie circulaire, telle que la définit l’ADEME, « vise à changer de paradigme par rapport à l’économie dite linéaire de la vie d’un produit, en limitant le gaspillage des ressources et l’impact environnemental, et en augmentant l’efficacité à tous les stades de l’économie des produits ». Cette approche se décline dans sept piliers qui sont eux-mêmes, intrinsèquement, des stratégies utilisées en éco-conception.

14 propositions du Pôle Eco-conception pour que l'économie circulaire soit réellement au service de la performance globale du cycle de vie. 

 

1) L’éco-conception

L’éco-conception vise à intégrer l’environnement dès la conception d’un produit ou service, et tout au long de son cycle de vie. Cette approche méthodologique transversale garantit une réduction globale des impacts environnementaux du système produit service avec une vision cycle de vie.

 

2) Approvisionnement durable

Actuellement, les modes d’extraction et d’exploitation ne sont pas toujours efficients, pas plus qu’ils ne cherchent à limiter leurs impacts sur les ressources disponibles. C’est précisément ce à quoi cherche à remédier l’approvisionnement durable. Cette stratégie, incluse dans la roue de Brezet, est bien connue dans la démarche d'éco-conception puisqu'on cherche bien des fournisseurs proposant des matériaux ou sous-ensembles moins toxiques, renouvelables, recyclés, recyclables, à contenu énergétique moindre, « naturels », agro-sourcés, ou issus du réemploi.

3) Ecologie industrielle

Afin de prévenir le gaspillage de ressources, l’écologie industrielle favorise la symbiose entre entreprises d’un même territoire, dans le but que les déchets des uns deviennent les matières premières des autres. De même, l’un des axes de travail de l’éco-conception est le contrôle des flux de matières, qu’ils soient intrants ou extrants. La provenance des matières et de l’énergie, sous couvert de l’approvisionnement durable, est donc bien une préoccupation commune aux deux approches.

 

4) Économie de la fonctionnalité (EF)

L’EF privilégie l’usage à la possession du produit. En vendant une performance plutôt qu’un produit, ce nouveau modèle déconnecte la croissance économique de la consommation de ressources. Toutefois, il n’est pas toujours gage de diminution de l’impact environnemental. Si l’EF joue sur de nouveaux modèles économiques liés à l’usage, ces derniers s’appuient bien sur des produits et des infrastructures. L’éco-conception pour sa part est garante de la prise en compte de l’environnement dans la conception des produits ou services quel que soit le modèle économique choisi. On peut donc imaginer que l’alliance entre EF et éco-conception est un ticket gagnant.

5) Consommation responsable

Le défi est de convaincre les acheteurs/utilisateurs que le caractère « éco » d’un produit ne dégrade ni ses qualités fonctionnelles ni son prix. Un produit éco-conçu mais qui ne se vend pas n’a aucun intérêt environnemental. L’éco-conception doit relever le défi de montrer que l’offre responsable est crédible aux yeux du plus grand nombre, de sorte que ce ne soit plus un marché de niche pour initiés mais la norme pour tous.

 

6) Allongement de la durée d’usage

Là encore, ce principe participe d’une démarche d’éco-conception, puisque l’allongement de la durée de vie est l’une des stratégies les plus efficaces pour réduire l’impact d’un produit. Elle soulève cependant des questions importantes et complexes : quelle est la bonne durée de vie d’un produit ? Cet allongement est-il toujours souhaitable pour l’environnement ? En effet, pour certains produits, les évolutions technologiques rendent les produits nouveaux bien plus vertueux. 

7) Recyclage

Enfin, la conception pour la fin de vie est également une stratégie à part entière de l’éco-conception. Néanmoins, il existe des nuances à prendre en compte dans l’application de la valorisation des produits. Si l’économie circulaire vise un recyclage à 100%, ce n’est pas toujours la solution optimale pour l’environnement car les processus de recyclage engendrent des impacts environnementaux qui ne doivent pas excéder ceux de la matière vierge évitée. L’éco-conception prend en considération ces compromis.

 

 

 

Les principaux défis environnementaux que doit relever l’économie circulaire !

Si l’économie circulaire vise, comme nous l’avons vu, à atteindre une efficacité de l’utilisation des ressources, il subsiste quelques défis à résoudre en matière environnementale.

Le premier est celui de la logistique inverse. Comment récupérer les produits usagés afin de procéder à la valorisation de la matière ? Si l’efficacité de la logistique de l’usine au magasin est redoutable, la chaîne retour est bien plus difficile à appréhender pour un industriel. La répartition géographique des produits usagés et l’hétérogénéité des références de produits rendent complexes leur massification pour leur retraitement.  

 

  Le second défi concerne l‘avenir de la matière régénérée. Si elle peut être réutilisée à qualité égale ou supérieure dans de nouveaux produits, cela s’appelle de l’Up-Cycling. Malheureusement, trop souvent, la valorisation matière dégrade les qualités des matériaux. Le papier ne se recycle que six fois, les alliages diluent les métaux rares...  Ce phénomène est appelé down cycling. Une telle dégradation de la matière à chaque boucle n’offre plus un modèle circulaire mais en spirale.

 

Le troisième défi porte sur la mesure de la disponibilité des différentes matières premières. Par exemple, l’analyse du cycle de vie mesure cette limite en utilisant un ratio entre les stocks mondiaux de matières et la quantité annuelle extraite. Suivant les nouvelles techniques d’extraction, la découverte de gisements et la demande mondiale annuelle, cet indicateur varie. Bien que déjà complexe, cet indicateur ne prend pas en compte plusieurs autres critères qui influencent la compréhension de la rareté des matières comme la dilution des substances, le potentiel de recyclabilité, le risque de dépendance, la localisation ou la temporalité.

 

L’union d’un concept et d’une méthode au service de l’environnement

Si l’éco-conception est une méthode de développement de produits ou services toujours en émergence, l’économie circulaire est un concept qui a rapidement su mobiliser tous les acteurs de la société. L’économie circulaire a besoin de la démarche proposée par l’éco-conception pour faire des choix éclairés, afin de garantir une performance environnementale. Par ailleurs, l’éco-conception doit profiter de l’élan insufflé par l’économie circulaire pour se déployer à grande échelle.

 

Source : Ecodesign Centre, Sharon Prendeville

 

Liens utiles :


Economiecirculaire.org, la plateforme international de l'économie circulaire

Eclaira.org, l'économie circulaire en Auvergne-Rhône-Alpes

L’économie circulaire suffit elle ?

l’institut de l’économie circulaire

 

 

 Schéma de l'économie circulaire

Graphique adapté de la fondation Ellen MacArthur par l'institut de l'économie circulaire, simplifié et mis à la charte graphique du Pôle Eco-conception (Août 2014)

 

La Fondation Hélène McArthur définissait l’économie circulaire en 2013 de la façon suivante : « le terme «économie circulaire» désigne une économie industrielle qui est réparatrice par la volonté et le design ... Les produits sont conçus pour leur facilité d'utilisation, pour leur démontage et leur remise à neuf ou recyclage, étant entendu qu'il s'agit de la réutilisation d'une vaste quantité de matières récupérées à partir de produits en fin de vie, plutôt que de l'extraction de ressources nouvelles qui est le fondement de la croissance économique ».

Comme pour la définition de l'ADEME - économie circulaire : système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (bien et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à en diminuer les impacts - nous observons que dans cette définition il y a un lien très fort entre l’économie circulaire et la conception qui anticipe les déchets en fin de vie afin de diminuer l’impact sur les ressources.

On observe une différence fondamentale : l’éco-conception de produit traduit une intention, qui peut prendre effectivement en compte l’amont (la chaine d’approvisionnement), mais plus difficilement l‘aval. On peut concevoir des produits recyclables, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont effectivement recyclés car le bouclage effectif que tente d’organiser l’économie circulaire dépend du consommateur et de la ‘post-consommation’.

 

Les recouvrements stratégiques

Il y a des alliances stratégiques entre l’éco-conception et l’économie circulaire. En général l’éco-conception est définie comme un concept opérationnel, alors que l’expérience montre que l’éco-conception nécessite la prise de décisions stratégiques. Refonte du modèle d’affaires et collaboration intersectorielle sont en effet nécessaires afin de valoriser et tirer bénéfice de l’éco-conception. De même, l’objectif central de l’économie circulaire est de tirer la valeur maximale du matériau en cours d’utilisation, puis par la récupération et le recyclage ce qui nécessité de repenser la façon de concevoir les produits en y incluant les systèmes de production et les entreprises.

Surtout, ce chevauchement montre que les deux concepts font appel à des modèles d’affaires innovants, des logistiques inverses en cascade et une collaboration intersectorielle. Ensemble, ces aspects nécessitent des changements fondamentaux dans l’infrastructure industrielle, ce qui s’avère un obstacle majeur à la mise en oeuvre de l’éco-conception et des systèmes circulaires.

 

Des approches différentes

L’éco-conception est au cœur des processus en boucle fermée et les concepteurs de produits sont à l’avant-garde de sa mise en œuvre. Bien qu’ils jouent un rôle central, les points de vue divergent sur ce que ce rôle implique. Certains auteurs sont partisans de mesures de réduction et d’efficacité.

Source : Ecodesign Centre, Sharon Prendeville

Il a longtemps été dit que 80 % des impacts environnementaux d'un produit sont déterminés lors de la phase de conception. Comme indiqué précédemment, la définition de l’économie circulaire selon la fondation Hélène McArthur illustre la manière dont l'économie circulaire se concentre sur la matière ou l'efficacité des ressources. En revanche, les définitions en matière d'éco-conception donnent la priorité à la réduction totale de l'impact environnemental. Par exemple, pour Sherwin et Evans (2000), l'éco-conception est « la conception d'un produit, un service ou un système dans le but de minimiser l'impact global sur l'environnement ».

Selon McKinsey (2011), l'économie circulaire signifie « la rencontre avec la demande actuelle ou les besoins de consommation ». En revanche, nous croyons que la société consomme trop. La conception a le pouvoir de changer fondamentalement, pour le meilleur, la manière dont la société se comporte et les gens consomment. De ce fait, certaines méthodes d'éco-conception questionnent l’intérêt de tel ou tel produit dès le début de la conception.

   

Economie circulaire par Christian Brodhag

 

Economie circulaire par 
François Michel Lambert

 

 

 


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